Récit de Jean-Michel Guyon ( d'après les récits de son père qui participa activement à ces évènements)
mis en forme et en images par Roland Le Corff
Après le débarquement du 6 juin 1944, les effectifs des maquis augmentent très rapidement. Le commandement doit créer de nouveaux camps et prévoir une nouvelle organisation.
Maître Paul Vuillard, avocat à Lyon (bâtonnier), capitaine de réserve, qui a fait Narvik ( Norvège, 1939) avec le général Bethouard, se voit confier le secteur de Lons. Il prend le nom de "Vauthier". Grillé à Lyon, il a quitté son étude et s’est replié avec sa famille à l’hôtel Mouillard à la Chaux des Crotenay dans le Jura.
Il s’installe ensuite à la Fruitière, un hameau perdu au milieu des bois, dépendant de la commune de Menétrux-en-Joux, avec son équipe de lédoniens : Ricard, (“Michel”) et ses rugbymen, Jaillet, (“Achille”) et ses pompiers, Wéber (“Hassan”) et ses francs-tireurs ; Pierre déjà à La Chartreuse de Bonlieu, Nancy déjà dans la forêt de L'Heute et bientôt le lieutenant Bentz à Charcier, lui sont rattachés.
Puis arrivera Camuset (“Castor”) qui vient de passer "cent jours dans les griffes de la gestapo". Il amène avec lui sa famille, (cinq alevins comme il appelle ses enfants). Il y a aussi “le Moune”et ses gros bras. cliquer sur les images pour les agrandir
C’est de la Fruitière que partent ,entre autres, les équipes de grenadiers-mineurs de Camuset pour leurs embuscades sur la route blanche, aux gorges de la Billaude et les télégraphistes de Bauduret pour couper les lignes de téléphone entre Morez et Andelot, vers Gratteroche, la Boissière, et la Savine.
C’est la Fruitière qui se trouve au centre des difficiles opérations du début du mois d’août 1944.
Les Allemands surprennent une équipe de jeunes du groupe Pierre, de la Chartreuse, en surveillance au carrefour de la R.N. 78 et du chemin conduisant à la Chartreuse et les massacrent puis ils s’en vont finir leur travail à la Chartreuse de Bonlieu même, qu’ils incendient.Un homme est brûlé dans cet incendie, il était enfermé dans une cave. C’était un Allemand capturé quelques jours avant.
Le soir même, un parachutage est annoncé à la Charne ( près de Doucier, sur la route de Clairvaux)
Tous ceux qui n’ont pas été mobilisés au cours de la journée parce qu’il n’y avait pas d’armes pour tous, sont requis. Les télégraphistes qui étaient allés chercher du câble de téléphone de campagne à la poste de Voiteur et qui étaient rentrés péniblement en découvrant, derrière eux, les miliciens qui la recherchaient et devant eux une fumée dont ils ne connaissaient pas encore l’origine étaient de ceux là.
L’attente sur le terrain est longue, Le parachutage réussit mais les conteneurs tombent à 200 mètres de la piste, il faut les traîner au travers d’un champ de pommes de terre.
Le lendemain les conteneurs sont ouverts, les armes distribuées, et nos morts de la route de Bonlieu enterrés à Songeson. Puis les Allemands reviennent encore brûler quelques maisons à Ilay et à Bonlieu. Une section avec Hassan en tête leur tend une embuscade au retour et leur inflige de lourdes pertes. Vauthier donne consigne aux maires de faire disparaître les cadavres au plus vite.
Les Allemands, dont les convois sont souvent pris en embuscades réquisitionnent des otages qu’ils placent en tête de leurs troupes. Ils placardent un avis selon lequel “pour chaque soldat allemand tué, trois otages seront fusillés ». Vauthier rétorque par une lettre à la Kommandantur : “Nous avons aussi des prisonniers nous ferons de même pour vous”. Il s’agissait de 9 prisonniers dont huit faits lors d’une embuscade d’Hassan vers Andelot début août et d’un autre capturé un peu plutôt. Ils étaient enfermés dans la chapelle de la Fruitière.
Les allemands ripostent, à la suite d’une nouvelle embuscade en fusillant 3 otages. Les hommes de Vauthier lui demandent de tenir sa parole. Il ne peut faire autrement et les 9 prisonniers sont fusillés et jetés dans la fosse qu’ils ont du creuser eux-mêmes dans la sablière. En creusant, ils avaient trouvé des pneus neufs et des pipes d’essence que le scieur du coin ( M. Janier) avait dissimulés avant de livrer ses camions réquisitionnés. ( voir la page consacrée à la chapelle de la Fruitière et qui relate cet épisode tragique, vécu par ma grand-mère)
C’est également à la Fruitière qu’a été exécuté un milicien particulièrement dangereux qui était originaire d'un hameau jurassien. ci-joint affiche de la Milice Française
Vers le 20 août Vauthier transportera son monde à Fontenu. C’est là qu’il préparera l’attaque de Lons.
Vauthier, redevenu Paul Vuillard, rejoindra son étude en octobre 1944, après la libération du Jura laissant la compagnie créée à partir de son maquis au lieutenant Charles Weber ("Hassan") qui mourra en Indochine (compagnie reprise ensuite par "Pierre" après le départ de Weber).
Photo 1 : Vauthier, maître Paul Vuillard, à gauche (en tenue de chasseur alpin ), au centre le lieutenant Bentz, chef du maquis de Charcier, à droite, tournant la tête vers sa gauche, Ricard (dit "Michel"). Après la libération du Jura, il est devenu chef du 5ème Bureau à l'Hôtel Terminus, rue Aristide Briand à Lons. La photo est prise au départ du défilé de la victoire à Lons, rue des Salines.
Photo 2 : Camuset et son groupe de grenadiers mineurs : à gauche, Camuset (dit "Castor"). Arrivé début juillet avec sa famille. Son fils aîné était agent de liaison. Après la libération du Jura, il a dirigé le centre de détention de Crotenay où étaient internés les "suspects de collaboration".
Photo 3 : Pierre et sa compagnie de la Chartreuse de Bonlieu, à gauche avec le bras en écharpe.Poirier (dit "Pierre" a été longtemps maire de Doucier après 1945. Il commandait le maquis de la Chartreuse de Bonlieu.
Cette page est rédigée en partie de mémoire. Elle peut donc comporter quelques erreurs de détail.
Retrouvez tous ces protagonistes de la Résistance jurassienne avec beaucoup plus de détails sur le magnifique site web de Jean-Michel Guyon : Les villages du canton des Planches en montagne http://foncinelebas.free.fr/ La présentation de la région autour de la vallée de la Saine, les Planches en Montagne, la Chaux des Crotenay, de l'Histoire et des histoires, le patrimoine, la généalogie, le tout illustré par de nombreuses et magnifiques photos.
Ouvrage sur la résistance comtoise : Camuset : Cent jours dans les griffes de la gestapo
voir aussi André Besson, auteur dolois, qui a écrit un livre sur les maquis comtois.
Site web à consulter : http://www.histavia21.net/ J'y avais trouvé la photo de cet authentique brassard FFI des maquis du Jura, celui que portait le sergent Rouet.
Ce site sympathique et très bien documenté, est réalisé par Mr Daniel Gilberti " il vous présente son site :
"Histavia 21: Dans son site, Daniel GILBERTI présente L'histoire de
l'aviation Militaire, à Dijon, en Côte d'Or et en Franche -Comté.
Outre
l'historique de la Ba 102 , du camp d'aviation de Dôle Tavaux, les articles sur
des lieux d'histoire en région, il comporte une base de donnée unique en France
sur les crashs d'avions en Côte d'Or et dans les départements limitrophes durant
la seconde guerre mondiale
...
D'autres documents toujours en
lien avec l'histoire sont ajoutés de tant à autre, on notera un remarquable
panorama de photos de la ville de Dijon, prises par l'armée allemande en 1940 et
nombre de photos inédites de la Base Aérienne de Dijon retrouvées par le
webmestre outre -Rhin ..."
Musée : Musée de la Résistance et de la Déportation, La Citadelle
25000 Besançon - Téléphone : 03 81 65 07 55 (musée) - 03 81 65 07 57 (centre de documentation)
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