Au tout début de l'exploitation par des tramways électriques en 1897, il n' y avait probablement pas encore de remorques attelées aux motrices. Les premières photos de l'époque les montrent seules. Devant l'extraordinaire succés des tramways, les petites motrices Schuckert avec leur capacité de seulement 32 voyageurs furent vite saturées. Dès le démarrage de l'exploitation, il est rapporté que l'affluence fut très nombreuse : 27.000 voyageurs furent comptabilisés dès le premier jour sur le tronçon Bon-Rencontre - La Valette. La nécessité d'ajouter une remorque apparaîtra certainement de manière très rapide mais on ignore à quelle date.
Les inventaires donnent l'année 1904 pour les premiers achats de remorques (série J) mais en fait il est probable que les toutes premières remorques aient été reconstruites bien avant cette date (série H avant 1902) , à partir d'anciens tramways à chevaux, une fois ces derniers mis à la réforme. Sur les photos du tout début du 20ème siècle, on voit les tramways généralement seuls. Sur les photos datant de 1904-1905, les remorques sont devenues semble-il, plus généralisées. Elles sont devenues indispensables sur la ligne 1 à fort trafic.
Les premières motrices Schuckert furent numérotées par numéros impairs de 1 à 59, on peut donc imaginer que la première série de remorques porta les numéros de 2 à 60. Sur la photo du bas, on peut voir la N°42, une remorque de la toute première série.
Les premières remorques furent sans doute des baladeuses, entièrement ouvertes sur tous les côtés et abritées seulement par une toiture et des stores. Un marchepied était placé sur toute la longueur du véhicule ce qui permettait aux voyageurs de monter et descendre en marche dans des conditions défiant toutes les règles de prudence. Les contrôleurs eux-même devaient faire des acrobaties sur ces marchepieds pour contrôler les tickets, passant ainsi de la motrice à la remorque en marche.
Les parties hautes des caisses reçoivent des stores pare-soleil en forme de festons, en toile très épaisse (ou caoutchoutée ?) qui descendaient de la toiture de chaque côté pour protéger tant bien que mal les voyageurs d'un ensoleillement excessif (ou de la pluie !). En effet, ces baladeuses étaient bien adaptées pour la belle saison et le beau temps ensoleillé très généreusement dispensé à Toulon. A la mauvaise saison sous la pluie et le mistral, les places exposées au plein vent ne devaient pas être très confortables. Les cartes postales nous les montrent souvent sous un beau soleil sur le port ou au Mourillon. Aux États-Unis et dans d'autres pays au climat chaud, ce type de remorques ouvertes étaient appelées toast rack (grille-pain) à cause de la forme donnée par les montants rapprochés soutenant la toiture les faisant ressembler aux lames d'un grille-pain.
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Copyright photo Marius Bar - TOULON carte postale colorisée par Frédéric Durante - Une baladeuse tractée par une motrice Schuckert, passe sur le port de Toulon, quai Cronstadt, elle porte le N° 96. |
Fonds Renaud Semadeni-coll. R. Le Corff - La Schuckert N° 3 et sa baladeuse vues sur la ligne du Mourillon à la hauteur de la station des bains Sainte-Hélène. |
Carte postale ancienne - Une baladeuse attelée à une motrice Schuckert attend les voyageurs devant la gare PLM de Toulon (gare du réseau de la Compagnie du Paris - Lyon - Méditerranée à l'époque) - Les calèches y stationnent encore nombreuses. |
Carte postale Marius Bar - Une baladeuse portant le N° 42 saisie sur le boulevard de Strasbourg est tractée par une Schuckert portant une réclame pour la liqueur Bénédictine. La carte postale est timbrée du 2/12/1907. Au premier plan à droite, un matelot, pas de doute, on est bien à Toulon ! Les chapeaux melons ont un air presque british. |
Ces remorques étaient dénommées "Toulonnaises" sur le réseau marseillais. Elles étaient en service au nombre de 10 sur le réseau de Toulon et ont toutes été vendues au réseau marseillais en 1902. Elles y furent démolies en 1933.
Coll. Fouque - photo extraite du livre de J. Laupiès - R. Martin - Remorque série J N°414 sur le réseau de Marseille. |
Doc. J. Laupiès - R. Martin - Diagramme de la remorque série H. (Cliquer pour agrandir) |
Ces remorques ont été achetées au réseau de Marseille : 5 en 1929 et 10 en 1931 (et il y en aurait eu 2 en 1933 d'après G. Bonnafoux ce qui n'est pas indiqué dans le livre de J.Laupiès et R. Martin).
Ces remorques dites "Montants en fer à parois" de la série J et dénommées également "1904" étaient du type baladeuse, entièrement ouvertes avec un accès sur toute la longueur de la voiture par marche-pieds longitudinaux. Dans l'inventaire de 1946, elles sont classées comme Marseillaises.
Elles ont été construites entre 1903 et 1912 par des ateliers différents : la série réalisée entre 1905 et 1910 provient des ateliers des Chartreux à Marseille appartenant à la CGFT (Compagnie Générale Française des Tramways), la série de 1912 provient des Chantiers de La Buire à Lyon.
Les Chantiers de La Buire ont été fondés en 1847 à Lyon, dans le quartier de la Buire pour construire du matériel de chemin de fer. Les chantiers se trouvent dans le faubourg de la Guillotière, sur la rive gauche du Rhône. En 1877, les Chantiers de la Buire sont acquis par la Compagnie des Fonderies et Forges de l'Horme et deviennent les Chantiers de l'Horme et de la Buire. Les ateliers fabriquent alors des wagons (8 par jour en 1856), tout le matériel ferroviaire (excepté les locomotives) et des pièces pour la navigation (axes de roue à aubes), des équipements industriels.
A Marseille, à partir de 1920, une modification entraîna la création d'un couloir central.
A l'orgine, ces remorques étaient numérotées de 104 à 136 puis après l'acquisition par le réseau en 1926-1927, des remorques Orléans, elles furent renumérotées de 200 à 232.
Ci-dessous des remorques baladeuses numérotées 64, 60 et 18 très semblables au type J hormis la taille des stores.
Un grand nombre de baladeuses furent transformées en baignoires : non il ne s'agissait pas de leur donner une nouvelle fonction dans une salle de bains mais c'est sans nul doute la forme de la caisse avec ses bords bas et arrondis qui justifia cette appellation quelque peu bizarre.
Ce sont à coup sûr des raisons de sécurité qui entraînèrent la compagnie STVG à effectuer ces transformations à partir de 1928. En effet, les marchepieds extérieurs furent supprimés et l'accès s'effectuait désormais par le côté. La prise en marche des véhicules par tous les côtés étant devenue impossible, le receveur n'avait désormais plus la nécessité de faire l'acrobate pour encaisser le prix des places en se déplaçant dangereusement sur les marchepieds longitudinaux (voir le paragraphe 1 sur les baladeuses)
Une page est spécialement consacrée aux baladeuses baignoires.
Doc. J. Laupiès - R. Martin - Diagramme de la remorque série J "1904" après modification de 1920. (Cliquer pour agrandir) |
Année de construction |
entre 1905 et 1912 |
Fabrication |
Française |
Constructeur |
Ateliers des Chartreux à Marseille -1905 à 1910 et La Buire ( Lyon) 1912 |
Longueur |
7,650 m |
Places assises |
36 |
Largeur |
2,000 m |
Places debout |
8 |
Hauteur |
2,165 m |
Total passagers |
44 |
Empattement truck |
1,90 m |
Carrosserie |
Bois et métal - Ouverte- Sans lanterneaux |
Truck |
tôles et cornières |
Baies latérales |
Pas de châssis vitrés |
Plates-formes |
ouvertes - Accès sur toute la longueur de la voiture par marche-pieds longitudinaux |
Banquettes |
4 dossiers fixes et 5 dossiers réversibles |
Suspensions |
ressorts à lames |
Prise de courant |
- |
Poids à vide |
3,420 t |
Freins |
à vis et Guénée |
P.T.C |
6,110 t |
Effectif (*) |
17 acquises d'occasion au réseau de Marseille: 5 en 1929, 10 en 1931, 2 en 1933 ( transformées en baignoires sur le réseau vendeur en 1920) |
Démolition |
vers 1949 |
(*) Avant l'acquisition des remorques du type Orléans (en 1926-1927) , étaient numérotées de 104 à 136 puis après, de 200 à 232. |
Année de construction |
avant 1902 |
Fabrication |
Française |
Constructeur |
Inconnu |
Longueur |
7,400 m |
Places assises |
28 |
Largeur |
2,000 m |
Places debout |
8 |
Hauteur |
2,500 m |
Total passagers |
36 |
Empattement truck |
1,75 m |
Carrosserie |
Pavillon sans lanterneau |
Truck |
tôles et cornières |
Baies latérales |
néant |
Plates-formes |
ouvertes - Accès sur toute la longueur de la voiture par marche-pieds longitudinaux |
Banquettes |
transversales fixes |
Suspensions |
ressorts à lames |
Prise de courant |
-- |
Poids à vide |
3,640 T |
Freins |
à vis, puis Guénée |
P.T.C |
5,750 t |
Effectif (*) |
10 acquises d'occasion en 1902 à Toulon par le réseau de Marseille |
Démolition |
1933 à Marseille |
Photos RMTT et STVG : Tout d'abord un immense merci à Yohan Keller (ASBTP : Association pour la Sauvegarde des Bus Toulonnais et Provençaux, page Facebook : https://www.facebook.com/asbtp.toulon) pour les magnifiques photos qu'il m'a transmises. Certaines sont de Philippe Benoît .
Hélas parmi tous les passionnés qui ont permis de collecter les données historiques ou les photos qui illustrent ces pages, beaucoup nous ont quittés, les petites croix (†) figurant auprès de trés nombreux noms cités ci-dessous en témoignent hélas. Je dédie ces pages à leur mémoire en gage de ma reconnaissance.
Cartes postales Marius Bar -Toulon
Frédéric Durante (†) ARTM (Amis du Rail et des Transports de Marseille) - Claude Borderie (†) FACS Fédération des amis des chemins de fer secondaires
L'immense majorité des renseignements et photos sur les tramways provient de l'ouvrage suivant : "1880-1980 Un siècle de transports en commun dans l'agglomération toulonnaise" par Gabriel Bonnafoux (†) et Albert Clavel, paru en 1985 à compte d'auteur; imprimé par les Presses de l'Atelier du Beausset - 83330 Le Beausset.( épuisé et difficile à trouver) - Les données historiques sur les Ets Carde proviennent de Charge utile magazine N° 134, 135 et 136 sortis en 2004 et du site : http://ruedupetittrain.free.fr/personnages/carde-gustave.htm
Jacques Laupiès (†) et Roland Martin (†), "Les tramways de Marseille ont cent ans", 1976 - La documentation, certaines photos et les diagrammes sont extraits de ce livre.
Jean Robert (†) " Histoire des Transports dans les Villes de France" édité à compte d'auteur en 1974 - épuisé ( Jean Robert fut l'un des fondateurs de l'AMTUIR)
Autres photos: collection personnelle de cartes postales de Roland Le Corff dont certaines issues de la collection de Renaud Sémadéni (Toulon) - Merci également à Jean-Marc Audirac et à Louis Bobinec pour leurs photos.
Musée de l'AMTUIR : http://www.amtuir.org/ Merci à Thierry Assa, secrétaire de l'AMTUIR qui m'a autorisé à utiliser des photos provenant de la collection du musée.
© Roland Le Corff - Page créée le 04/04/2016 - Version du 16/04/202//1