Les T.O.V sont traités sur 2 pages : page 1 Historique du réseau Page 2 : le matériel roulant
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Logo des Tramways de l'Ouest Varois (les vraies couleurs étant inconnues, celles-ci sont imaginaires) | Logo des T.O.V sur une action de 100 Francs au porteur |
L'histoire de ce petit réseau de tramways qui desservait la région ouest de Toulon dans des zones relativement peu habitées avec un tracé sinueux passant même en pleine montagne, est assez peu connue. Le projet fut approuvé dès 1912 mais la mise en service démarra seulement en 1917. Le réseau cessera toute activité en 1936. Durant toute son existence, cette compagnie connut des moments difficiles car elle ne fut jamais rentable et n'eut quasiment jamais à sa disposition un matériel de qualité pour transporter les voyageurs. Motrices hors d'âge et manque chronique de moyens financiers fut le lot de cette compagnie : les Tramways de l'Ouest Varois (T.O.V). C'est cette histoire qui dura 24 années que nous allons découvrir ici.
Les premiers tramways tirés par des chevaux arrivent à Toulon en 1886 . En 1897 le réseau est électrifié par la STVG (Société des Tramways du Var et du Gard) voir la page Tramways de Toulon. et surtout la page sur l'historique. La STVG passera ensuite sous le contrôle de la Compagnie Générale Française de Tramways (CGFT).
Le réseau s'étendra largement dans la périphérie de Toulon jusqu'à Hyères à l'Est et à l'Ouest jusqu'aux Sablettes par la Seyne et Ollioules .
Au-delà de La Seyne et d'Ollioules se trouvaient dans un rayon de quelques kms des localités telles que Six-Fours (3 400 habitants) Sanary (3 000), Le Beausset (1 900) qui ne disposaient que de la gare PLM d'Ollioules-Sanary et de services par voitures à chevaux tels que les fameux "Roulez" dont le patron était Monsieur Léon Cheval ( ça ne s'invente pas !) entre Sanary et la gare et Monsieur Dol d'Ollioules à Sanary ( voir la page historique).
Peinture de Jean-Pierre Longato - Un omnibus du type Roulez à La Seyne |
Le chemin de fer du PLM passe au plus près à 4 km d'Ollioules et à 2 km de Sanary. Pour y arriver, il faut emprunter le chemin de grande communication N° 11 (en abrégé GC N°11) en mauvais état, son empierrement étant raviné par le passage des roues des charrettes. Les expéditions de fleurs souffrent de cet état de choses. En effet, beaucoup d'habitants cultivaient les fleurs ( Ollioules est toujours réputée pour cette production). Par ailleurs de nombreux ouvriers se rendaient à l'Arsenal de Toulon et aux Forges et Chantiers de la Méditerranée (les chantiers navals de La Seyne).
Ces moyens étaient donc nettement insuffisants face aux besoins grandissants de la population.
Quelques diligences assuraient le trafic entre La Seyne-Reynier (Six-Fours), Sanary et Ollioules au départ du quai Hoche à La Seyne. L'une allait à la gare du P.L.M, conduite par M.Lange Pellegrin, l'autre desservait Le Brusc via Reynier. M. Giraud, de Reynier qui la conduisait fit une demande de concession pour une ligne de tramways et c'est ainsi que l'idée fut lancée.
La demande de la population est donc forte et des demandes sont faites en ce sens en 1904 puis 1905. En gros il fallut pourtant six longues années d'atermoiements pour parvenir enfin à un véritable accord sur un projet sérieux d'un réseau de lignes de tramways. Ce projet fut élaboré par un ingénieur de Nice du nom de Lebouvier (succédant à M. GIraud) qui le déposa le 6 septembre 1906.
Le 4 novembre 1908, le projet de M. Lebouvier est adopté mais plusieurs années passeront encore sans que le projet ne se matérialise et il faudra attendre 1912 pour aboutir.
La convention signée le 31 octobre 1912 entre M. Hudelo, Préfet du Var et M. Lebouvier rétrocède à ce dernier, deux lignes de tramway à traction électrique par trolley, pour voyageurs et marchandises, d'Ollioules au Beausset et à La Seyne, lignes dont le Département devra obtenir la concession de l'État pour une durée de 50 ans
Le Journal Officiel du 24 novembre 1912 déclare d'utilité publique l'installation de la ligne de tramways
Tracé :
Les lignes totaliseront une longueur de 23.5 kms. La ligne du Beausset partira d'Ollioules au droit de la place Septème, un raccordement étant prévu avec la ligne des tramways de Toulon légèrement prolongée à cet effet (313 m) depuis l'ancien terminus jusqu'à la place Septème ( aujourd'hui place Marius Trotobas). Ce raccordement sera réalisé en 1911.
Le tracé suivra la RN 8 et le GC 104 Jusqu'à l'école des filles du Beausset. La ligne de La Seyne quittera la précédente à la place des Palmiers, empruntera le GC 11 jusqu'à Sanary puis le boulevard de l'Avenir et le GC 16 jusqu'à l'embranchement du GC 18 dans la traversée de La Seyne où elle se raccordera aux tramways de Toulon.
Un embranchement partira du boulevard de l'Avenir et suivra le GC 11 jusqu'à l'Hôtel de ville de Sanary.
La voie sera à l'écartement de 1.44 m (je suppose qu'il devait être en fait de 1.435 m analogue en cela aux voies de chemins de fer dites à écartement normal mais il y eut des exceptions notables : En effet, les tramways de Marseille avaient une particularité unique : ils roulaient sur une voie de 1,430 m alors que l'écartement normal des voies ferrées est de 1,435 m. Le réseau de Toulon quant à lui, a adopté dès l'origine un écartement normal. voir la page des motrices série B )
Le gabarit du matériel devra être limité à 2 m de largeur hors tout et à 3.25 m en hauteur sans le trolley (la perche). Pour la voie, les rampes pourront atteindre 75 mm / m et les courbes descendre à 15 m de rayon.
Plan du réseau des tramways de Toulon avec les T.O.V en rouge (cliquer pour agrandir) |
Plan du réseau de l'Ouest Varois |
En 1913 M. Lebouvier rétrocède la Compagnie de l'Ouest Varois qui devient la Société des Tramways de l'Ouest Varois grâce à l'apport de petits actionnaires locaux.
Action de 100 Francs au porteur datée du 25 août 1916 |
Action de 100 Francs au porteur datée du 1er juillet 1918. |
Obligation de 500 Francs datée du 1er juillet 1926. |
Les premiers travaux démarrent réellement en 1914, le dépôt est installé au quartier de la Bédouille situé un peu avant la gare du PLM. Tout est enfin prêt pour démarrer l'installation. La voie, les lignes aériennes et le matériel roulant ont été commandés en Belgique et tout cela doit arriver en gare de Toulon mais...la grande guerre éclate et toute l'expédition se trouve bloquée et de plus elle se retrouve réquisitionnée par l'ennemi. Impossible dorénavant de trouver du matériel et il faudra attendre novembre 1917 pour commencer enfin l'exploitation du réseau.
En 1917, après bien des difficultés, 3 motrices Dyle-Bacalan révisées par les Ateliers du Beaujolais sont acquises au réseau de Lyon (l'O.T.L) ainsi que 4 remorques.
Le 5 novembre 1917, la ligne fonctionne enfin mais "à titre provisoire".
En 1919, une motrice à impériale en provenance du réseau parisien prendra le service sur la ligne du Beausset.
En 1919, le réseau disposait de 4 caisses vides dont 2 seront équipées par les Ateliers du Beaujolais avec des moteurs Thomson-Houston et des trucks Brill. Elles seront numérotées C1 et C2 sur le réseau, les 2 autres caisses sans truck ni moteur, ne seront jamais utilisées. Certains auteurs pensent qu'elles provenaient des usines Ragheno à Malines, en Belgique et qu'il s'agirait en fait de la première commande de matériel qui avait été bloquée par la guerre de 14-18. Seules les caisses auraient pu être livrées.
1924 : L'ouverture officielle du réseau a lieu le 1er juillet 1924.
En 1924 toujours, l'O.V aurait revendu 8 motrices aux Tramways de Cannes. En effet, la nuit du 22 au 23 mars 1924, un incendie détruisit le dépôt de la Compagnie des tramways de Cannes (CTC) et 18 motrices sur 31 et 12 remorques sur 16 ( Jean Robert parle même de 25 motrices!)
Afin de rétablir le service, dix voitures seront louées au Tramways de Nice mais il fallut les rendre pour la période hivernale. La CTC acheta alors des motrices d'occasion, 4 provenant des Tramways de Melun et 8 des Tramways de l'Ouest Varois (source Wikipédia) cependant d'après Jean Robert, il n'y aurait eu que 2 morices Brill alors quelles furent les 6 autres ? Mystère !
En 1930, L'O.V achète 2 motrices Jeumont pour améliorer son service.
En 1935, la compagnie renforce son parc avec 4 antiques motrices série D achetées d'occasion au réseau de Marseille (elles avaient été construites à partir de 1898 !)
1er juillet 1936 : cessation de l'exploitation.
1938 : dissolution de la compagnie de l'Ouest Varois.
Points desservis et distances :
1 - Ligne Ollioules - La Seyne : Ollioules - Gare PLM - Sanary-sur-Mer (Sanary Avenir - Sanary port) - Reynier (Six-Fours) - La Seyne - Longueur : 13,791 m
2 - Ligne Ollioules - Le Beausset : Ollioules - Pont d'Évenos - Saint-Anne d'Évenos - Le Beausset - Longueur : 9,405 m
3 - Embranchement gare Ollioules : 305 m
Total : 23,501 mètres
Un réseau promis dès sa création à une absence de rentabilité ?
L'entêtement de la compagnie et des élus locaux pour la création de ce réseau ne s'explique que difficilement. L'ensemble des populations desservies n'excédait pas 35 100 habitants. Les populations seynoises (22 000) et ollioulaises (4 200) tournées pour la majeure partie vers Toulon, ne laissaient qu'un pourcentage réduit d'usagers à l'Ouest Varois. Le réseau ne servait en fait que pour une population maximale estimée à 15 000 personnes.
Dans les années trente, des dizaines de transporteurs routiers sonneront l’hallali en se livrant à une concurrence effrénée, allant jusqu’à " écrémer " les arrêts où attendaient les usagers des trams, en leur offrant des tarifs moins élevés.
Dès 1920, la circulation automobile est en nette progression. En août 1926 M. Charles Sardou met en service 2 autocars Unic de 40 places sur une ligne partant de Toulon jusqu'à Bandol en passant par Ollioules, la gare PLM et Sanary le tout avec une subvention de 200 Francs par an.
En 1927 le maire de Six-Fours réclame la création d'un service d'autobus jugeant insuffisant les services rendus par les tramways de l'O.V. Le maire de La Seyne répond favorablement.
En 1927 la menace de la concurrence des autocars se précise après la vente de son affaire par M. Sardou, ce sont 2 compagnies qui se concurrencent sur un tronc commun entre Sanary et La Seyne en passant par Reynier ( quartier situé au centre de SIx-Fours) puis ce sera la société Mattéï de Marseille qui alignera des petits autocars Citroën rapides en provenance de Toulon, Ollioules et Le Beausset.
En 1936, à l’ouest de Toulon, l’exploitation a cessé du pont de l’Escaillon à Ollioules tandis que les remorques abandonnées sur la voie gênent la circulation. C’est toujours la même année que fermera le réseau de la malheureuse compagnie de l’Ouest Varois qui comprenait deux lignes : Ollioules - le Beausset par les gorges et Sainte Anne d’Evenos et Ollioules - La Seyne via Sanary et Six Fours. Ouvert en 1917, il était voué à l’échec compte tenu de la faible densité de la population de la zone desservie et de son matériel obsolète ou inadapté au profil de la voie.
En 1927, par exemple, il n’aura transporté que 647 000 voyageurs, soit à peine plus de la moitié de la seule ligne d’Hyères. (extrait d'un article de JP Lopez)
En 1932 à titre d'exemple, les recettes s'élevaient à 394 289 F, les dépenses à 639 150 F soit un déficit de 244 861 F . Les recettes ne couvraient que 61 % des dépenses.. Le personnel comportait 32 salariés.
En 1934, la Préfecture du Var accorde la création de nombreuses lignes d'autobus. Les 2 compagnies sont remplacées par la Société des Autobus Réunis de la Côte Varoise (S.A.R..C.V). Pour réagir contre cette concurrence jugée déloyale, l'Ouest Varois renforce son parc par 4 motrices série D acquises d'occasion auprès du réseau de Marseille.
En 1936, la compagnie des tramways de l'Ouest Varois est en grandes difficultés financières. Elle cesse son activité le 1er juillet 1936. Il est évident que les grandes grèves de 1936 sous le Front populaire, ont fortement contribué à ces difficultés.
Sur le réseau concurrent, la STVG, le personnel se mettait en grève le 15 juin 1936 et occupait les dépôts. Le 13 août 1936 il remit ça. Tout cela finit par aboutir à une mise sous séquestre de la STVG.
En 1937, sans perdre de temps, les communes traversées par l'infrastructure du tramway demandent l'enlèvement des poteaux et des lignes aériennes.
En 1938, la dissolution de la compagnie est prononcée. Fin de l'histoire ! La gare marchandises de Sanary deviendra une gare routière et le dépôt passera aux mains d'utilisateurs commerciaux. L'ensemble de ces lignes seront desservies par les autobus.
Les T.O.V sont traités sur 2 pages : page 1 Historique du réseau Page 2 : le matériel roulant
L'immense majorité des renseignements sur les tramways provient de l'ouvrage suivant : "1880-1980 Un siècle de transports en commun dans l'agglomération toulonnaise" par Gabriel Bonnafoux (†) et Albert Clavel, paru en 1985 à compte d'auteur; imprimé par les Presses de l'Atelier du Beausset - 83330 Le Beausset.( épuisé et difficile à trouver).-
Article de JP Lopez consacré aux tramways de Toulon, intitulé : " Des cochers aux wattmen, les anciens tramways de Toulon (1886 - 1955)" sur le site web de la communauté d'agglomération Toulon-Provence-Méditerranée (TPM) paru en octobre 2002.
Article de Jacques Chapuis dans la revue : Chemins de fer régionaux et urbains ( FACS-UNECTO) N° 220 (3ème trimestre 1990) et N° 224 (2ème trimestre 1991) -
Photos : Gabriel Bonnafoux - Michel Bonnafoux
Illustrations : Merci à Jean-Pierre Longato pour ses tableaux plein de fraîcheur à découvrir sur la page 2 de : "Souvenirs des tramways"
Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tramways_%C3%A9lectriques_de_l%27Ouest_Varois
Musée de l'AMTUIR : http://www.amtuir.org/
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