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Les textes et les photos ci-dessous sont de Robert Cohen ( sauf les textes en italiques qui sont de moi)
Mai 1989, rue Chevalier Paul, vue sud-nord, démolitions et "bétonisation" sont commencé. (Cliquer pour agrandir) |
Mai 1989, rue Camille Auban, le magasin à gauche en blanc, était un petit pressing-blanchisserie dont la patronne sous-louait une chambrette sous les toits, accessible par un vénérable escalier acrobatique. Robert Cohen, matelot permissionnaire y séjournait régulièrement. Un pied-à-terre, le rêve de tout mataf ! (Cliquer pour agrandir) |
Mai 1989, rue Victor Micholet, un des rares axes est-ouest de Chicago, on aperçoit les platanes de la DP au fond (1) . Dans cette rue, toute entière vouée aux matelots, des boutiques de tailleurs et accessoires marins. On y cousait galons et insignes en un temps record. On y trouvait aussi des restaurants à des prix très minimes; on pouvait y faire un repas pour 350 F de 1955 ! ( 40,25 F de 2001 ou 6,82 € actuels) Au moment où cette photo a été prise, le déclin était déjà amorcé et de nombreux magasins ont fermé. (Cliquer pour agrandir) |
Mai 1989, vue de la rue docteur Camille Auban (ancienne rue Trabuc) , lieu de la première implantation de familles d'origine immigrée en 1955-56. Les lieux n'étaient pas encore murés et promis à la démolition comme de nos jours. Cette rue était déjà assez conflictuelle en 1955-56, étant la première enclave immigrée dans la basse ville. C'est dans les vingt premiers mètres de cette rue que l'implantation maghrébine a débuté. Pour le déclin de Chicago, le processus s'est accéléré, dans les années 70-80, d'abord par la réduction des crédits d'armement et la diminution rapide des grandes unités de la marine. (Cliquer pour agrandir) |
Parallèlement, des incidents de plus en plus violents ont opposé maghrébins et militaires. Incidents pudiquement occultés par les médias. Selon certaines sources, la "bataille de Chicago" aurait vu des affrontements et des batailles rangées, des expéditions punitives de commandos, voire même des rafalages à la MAT.49 (3)
Pour réagir contre ces conflits "racistes", les autorités ont pris toutes mesures utiles d'apaisement: interdiction aux matelots de sortir en ville en uniforme, démolition rapide des immeubles devenus symboliques du territoire contesté et déplacement des populations maghrébines. Le nettoyage par le vide étant accompli, un vaste plan de rénovation urbaine installera du béton résidentiel là où se trouvait la "basse ville". Toulon étant la seule grande ville du littoral méditerranéen à avoir perdu toute sa vieille ville... peut être à cause d'un micro-climat particulièrement destructeur. (texte Robert Cohen)
Les marins appelés achetaient rarement leur vareuse en ville. C'était une fantaisie onéreuse, de s'habiller "fantoche", et de plus, sévèrement réprimée. C'était plutôt un privilège de marin de carrière.
L'uniforme du matelot était en ce temps là rustique et inconfortable: été comme hiver, bottines montantes de cuir noir. Maintenant, ils ont des chaussures basses, à lacets, comme les gradés. Tenue d'hiver en gros drap rugueux (maintenant, ils ont du tergal). L'été, c'était le cauchemar des tenues blanches. Un pantalon blanc, au contact des mains dans les poches, des tabourets de bar, devenait vite moite et douteux, sans parler du bas des jambes, en contact avec les bottines de cuir noir, bien cirées!
Les bachis (3) à pompon rouge étaient bleus l'hiver et blancs l'été, par juxtaposition d'une coiffe blanche. Maintenant, ils sont blancs, été comme hiver, et avec une légère armature en plastique.Il est vrai qu'ils ne sortent plus guère en uniforme. De surcroît, le port de la casquette d'officier marinier a été étendu aux quartier-maîtres chefs. C'est un peu dommage. Les pompons rouges se raréfient. (Alors que dans l'US Navy, c'est le contraire, tous les grades d'officiers mariniers portent la tenue de matelot!)
Une tenue à casquette plate, c'est banal, passe-partout. C'est le pompon rouge qui fait la spécificité de la marine nationale. Lors des défilés du 14 juillet, maintenant, on voit les six premiers rangs uniquement composés de mecs en casquettes ! C'est tout juste si on entrevoit des bachis dans les deux derniers rangs.
Gilbert Rochu et Yasmina Salhi, dans un article publié sur Internet en juillet 1996 : Déjà Chicago était réduit à sa partie congrue : on appréciera l'expression "avec ses 3 boîtes à matelots"
Extrait : "Chicago" paraît moins dangereux qu’anachronique, avec ses trois boîtes à matelots, mais cet ancien quartier réservé peuplé de Maghrébins reste l’alibi de toutes les mesures sécuritaires. ( on était alors à l'époque de la municipalité FN dirigée par Jean-Marie Le Chevallier).
(1) DP : Direction du Port de Toulon
(2) MAT 49 : Pistolet mitrailleur de calibre 9 mm fabriqué par la Manufacture d'Armes de Tulle; il a servi dans l'armée Française en Indochine, Algérie, et dans divers corps d'armée jusqu'à la fin 1998. Calibre 9 mm Parabellum - Chargeur de 20 cartouches mais le plus souvent de 32 cartouches- Cadence 600 coups / minute ou au coup par coup.
(3) Le bachi ou bachis ( parfois orthographié bâchis ou à tort bachy), est le bonnet du marin, le fameux pompon rouge .
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Un très grand merci à mon ami, l'ancien quartier maître Robert Cohen (†) 1936- 2016) pour son précieux témoignage, les anciens marins le connaissaient aussi sous le pseudo de "Cormoran" ou de "Bob" et de Robert Chavanac en tant qu'auteur de romans de guerre.
Photos : Robert Cohen - Encyclopédie des armes.com - La Compagnie des uniformes.
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© Roland Le Corff 2008 - Version du 15/02/2021